Global Water Initiative : Mali
Notre travail au Mali a consisté à appuyer les exploitants familiaux qui cultivent, transforment et commercialisent le riz dans la zone irriguée du barrage de Sélingué. Nous avons aussi étudié l'impact économique du barrage, en termes de retour global sur investissement pour l’État et du point de vue du rôle qu'il joue dans l'amélioration des moyens de vie des communautés qui cultivent dans la zone.
Jamie Skinner ([email protected]), chercheur principal, IIED
Bureau UICN Mali : [email protected]
Coordinateur national : Bamadou Cessouma ([email protected])
Contexte
- 75% de la population active dépend de l'agriculture et elle représente 40% du PIB; l'agriculture irriguée représente 34% de la production agricole du pays
- Le riz représente 5% du PIB national, mais certaines importations sont encore nécessaires pour couvrir la consommation nationale avec l'augmentation rapide de la demande dans les zones urbaines
- Environ 2,2 millions d'hectares sont considérés comme propices au développement de l'agriculture irriguée au Mali, seulement 20 % de ces terres sont actuellement développés
- L’investissement public dans l'agriculture irriguée est actuellement d'environ 28,3 milliards de francs CFA par an (US$5,5 millions), soit 15% du budget dédié à l’agriculture au niveau national
- Barrage d'étude GWI: Sélingué (achevé en 1981)
L'eau pour l'agriculture (2013-17)
Barrage de Sélingué
Le barrage de Sélingué répond à différents objectifs, notamment : la production d'électricité, le développement agricole, une meilleure navigation du fleuve Niger, et le développement de la pêche et de la pisciculture. En termes d'agriculture, 10 % des 20 000 hectares potentiels disponibles ont été aménagés pour l'agriculture irriguée.
Le périmètre irrigué de Sélingué, d'abord destiné à compenser les communautés déplacées, s'étend sur 1 200 hectares et compte 1 943 détenteurs de parcelles, dont 231 sont des femmes. Le périmètre irrigué voisin de Maninkoura, qui pompe l’eau du fleuve en aval du barrage de Sélingué, a été aménagé plus récemment et mesure 1 094 hectares pour 1 168 détenteurs de parcelles, dont 69 femmes.
Les périmètres irrigués sont gérés par l'Office de développement rural de Sélingué (ODRS). Nous travaillons en étroite collaboration avec ses équipes et les représentants des organisations paysannes de Sélingué.
Les périmètres irrigués de la zone de Sélingué sont actuellement en cours de réhabilitation, ce qui donne l'occasion de passer en revue et d’améliorer la manière dont ils sont gérés.
Analyse de base des exploitations familiales (riz)
Nous nous sommes penchés sur les différents types d'exploitants familiaux qui cultivent du riz dans le périmètre irrigué de Bagré ; en particulier, sur les différences en termes de moyens d’existence et, par conséquent, en termes de besoins. Nous avons effectué des recherches analogues au Burkina Faso et au Sénégal et, en 2014, nous avons publié une synthèse des conclusions qui dresse une analyse comparative de base des trois pays.
Des services de conseil agricole
Nos recherches sur les problèmes auxquels sont confrontés les riziculteurs familiaux ont fait ressortir deux domaines incontournables pour soutenir la productivité et les moyens d’existence des exploitants familiaux dans l'irrigation:
- De meilleurs services de conseil agricole, adaptés aux besoins des exploitants
Des organisations paysannes fortes
Nous avons travaillé avec tous les acteurs concernés par le périmètre irrigué de Sélingué pour identifier les principaux défis associés à l'établissement de meilleurs services de conseil agricole qui répondent aux besoins.
Evaluations économiques du barrage de Sélingué et des sytèmes paysans
Parallèlement à nos travaux de base avec les exploitants familiaux, nous avons également réalisé des analyses économiques poussées sur le barrage de Sélingué et les systèmes paysans liés au périmètre irrigué, pour évaluer l'impact que ce projet a eu en tant qu'investissement national et sur les moyens de vie des populations locales.
Nous avons mené des analyses analogues au Sénégal et au Burkina Faso, cela nous a permis de faire des comparaisons et de tirer des conclusions au niveau régional. Plus largement, ces études ont permis d’alimenter nos travaux de sensibilisation et de stimuler le débat sur la viabilité économique des grands périmètres irrigués et leurs impacts sur les moyens d’existence des exploitants.
Les droits fonciers
Un nouveau projet de loi foncière a été débattu au Mali, ce qui était donc l'occasion de se pencher sur certaines des lacunes actuelles dans la manière dont les terres irriguées sont attribuées et immatriculées – aussi bien du point de vue de l'État que pour les communautés locales. Dans le cas de Sélingué, un processus d'immatriculation foncière a officialisé la propriété publique des terres du périmètre irrigué. Et la nouvelle loi foncière ouvre théoriquement la voie pour permettre aux agriculteurs d'obtenir des contrats d’exploitation plus sécurisants sur les parcelles qu'ils exploitent dans le périmètre.
GWI Afrique de l'Ouest a aussi travaillé avec la Plateforme nationale des producteurs de riz pour renforcer leur appropriation de ces thèmes et les intégrer aux discussions du forum des riziculteurs au Mali.
GIRE et WASH (2008-12)
Contexte
- Zone d’intervention: 26 communes couvertes par le bassin, couvrant 564 villages.
- Bassin versant: le Sourou, Bassin de la Volta
- Mise en œuvre : CARE, CRS et UICN, en partenariat avec Sahel Eco et Caritas.
Situation de référence
L’étude de base réalisée en 2010 nous a permis de connaitre les principaux défis auxquels sont confrontés les populations et communes de la zone d’intervention du projet. Ils sont entre autres:
- l’approvisionnement durable en eau potable des populations
Les points d’eau (forages, puits modernes) dans ces localités font partie des plus profonds de la région de Mopti et atteignent souvent les 80 mètres, demandant de grands efforts pour puiser l’eau. Pendant la période de sécheresse beaucoup de puits traditionnels et certains puits à grand diamètre tarissent. Ainsi la recherche d’eau potable devient une activité principale des populations à des distances allant de 3 à 6 km. L’étude de base nous a révélé que 47% des ménages passent moins de 30 minutes pour la collecte de l’eau potable, 8% des ménages consomment de l’eau de bonne qualité et 14% consomment l’eau d’une source protegée. À cause d’insuffisance de spécialistes, le coût d’intervention des artisans réparateurs locaux sur les pompe à motricité humaine variait entre 150000 FCFA à 200000 FCFA pour une durée de 1 à 3 mois.
- l’hygiène et l’assainissement
Les populations de la zone d’intervention observaient très peu les bons comportements d’hygiène et assainissement. L’étude de base nous a permis de savoir que 99% des ménages avaient des mauvaises pratiques d’hygiène et 13% géraient correctement les déchets des enfants de moins de 3 ans.
- l’adoption de la maîtrise d’ouvrage communale par les partenaires techniques et financiers
Malgré l’adoption du décret N° 02-315 / PRM relatif aux transferts des compétences et de ressources dans le domaine de l’hydraulique rurale et urbaine aux collectivités territoriales, plusieurs partenaires au développement réalisent les infrastructures avec l’approche communautaire. Compte tenu de l’insuffisance des ressources humaines qualifiées au niveau des collectivités territoriales, la réalisation des infrastructures en maîtrise d’ouvrage communale se heurte au non-respect des délais et de la qualité des réalisations.
- l’aménagement et la gestion des ressources en eau dans le bassin du Sourou
L’étude sur l’hydrologie du sous bassin du Sourou réalisée par GWI en 2008 révèle que la zone du Sourou au Mali recèle d’importantes ressources naturelles, notamment constituées par la retenue d’eau (estimée à quelques 250 millions de m3) en territoire burkinabè, les plaines inondables estimées à quelques 15000 ha en territoire Malien, le potentiel halieutique dont l’importance économique s’apprécie à travers la densité des campements de pêcheurs le long du Sourou, et la vaste plaine du Samory, principale réserve de pâturages ligneux et de bourgoutières. Ces différentes ressources confèrent au bassin, et principalement à la vallée du Sourou, des valeurs socioéconomiques, d’équilibre environnemental, de lieu d’échanges et de développement transfrontalier. Malheureusement toutes ces ressources sont gérées par les différents intervenants (agriculteurs, éleveurs, pêcheurs) dans le sous bassin du Sourou de façon sectorielle, sans cadre fonctionnel de gestion locale et transfrontalière, et sans mécanisme efficace de financement des actions d’aménagement des ressources en eau.
Réalisations du projet
- Nous avons travaillé en partenariat avec les 4 communes pilotes pour instaurer la tenue de la journée communale de l’eau hygiène & assainissement. Cet espace de dialogue entre élus et citoyens permet de débattre chaque année des questions d’approvisionnement en eau, hygiène & assainissement dans la commune lors de la célébration de la journée mondiale de l’eau.
- Nous avons réussi à mettre en place un groupe de réflexion sur la durabilité des infrastructures hydrauliques dans le bassin du Sourou. Ce groupe était composé des élus, services techniques, partenaires techniques et financiers, usagers d’eau, artisans réparateurs locaux et fournisseurs de pièces de rechange. La mise en œuvre des recommandations du groupe de réflexion a permis d’équiper et de renforcer les capacités de ces artisans réparateurs locaux, de mieux les organiser à travers la création d’une association, de diminuer et d’harmoniser le montant des interventions sur les pompes en panne (15000 FCFA à 20000 FCFA) et de diminuer le temps de panne des équipements et infrastructures.
- Nous avons réussi à mettre en place un système efficace d’accompagnement des communes dans le cadre de la réalisation des infrastructures sous la maitrise d’ouvrage des communes. Cela à travers l’application de la démarche qualité au niveau des différentes étapes de la maîtrise d’ouvrage communale. Ce mécanisme a permis d’améliorer sensiblement la qualité des infrastructures et le respect des délais de réalisation.
- Nous sommes parvenus à changer le comportement d’un grand nombre de personnes dans la zone d’intervention en matière de bonne pratique d’assainissement (lavage des mains aux savons à des moments critiques, rinçage et évacuation des déchets des enfants dans les latrines, ou enfouissement). L’étude réalisée en fin de projet a permis de constater que le taux d’utilisation de bonnes pratiques d’hygiène est passé à 49% en 2012, grâce à l’application de la méthode ATPC (Assainissement Totale Pratiqué par la Communauté) au niveau de 46 sites.1513 nouvelles latrines ont été construites dont 97% sont utilisées régulièrement par les populations.
- Nous avons pu appuyer l’organisation des acteurs du bassin du Sourou côté Mali afin de mettre en place 7 Comités Locaux de l’Eau qui se sont fédérés par la suite pour créer le Comité du Bassin du Sourou. Nous avons pu mobiliser les acteurs locaux et nationaux pour l’élaboration et la validation du Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Ressources en Eau (SDAGE) du bassin. Nous avons facilité le processus de mise en place du cadre de concertation transfrontalier entre le Burkina Faso et le Mali pour la gestion intégrée des ressources du bassin du Sourou.
Personnel de coordination
Sahada Traore, Coordonnateur national, [email protected]
Bamadou Cessouma, Chargé de GIRE, [email protected]
Kalifa Diakite, Réalisation des infrastructuressous maitrise d'ouvrage communale, [email protected]
Dieudonné Somboro, Approvisionnement de l'eau, [email protected]
Bianivo Moukoro, Chargé de l'apprentissage, [email protected]
Isack Dolo, Chargé de suivi évaluation, [email protected]
Anyè Somboro, Chargée de l'assainissement, [email protected]